Login

INSTALLATION Transmission d'entreprises : des collectivités s'engagent

Horticulteurs et pépiniéristes ont fait état de leurs préoccupations en matière de compétitivité. Mais ils ont aussi attiré l'attention des élus sur un enjeu fort, le renouvellement des générations.

Parce que le développement économique relève de leurs compétences, des villes ou des communautés de communes mettent en place une dynamique collective autour de la transmission d'entreprises horticoles. Exemples, très créatifs, dans le Maine-et-Loire.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Source d'emplois, détentrices d'un savoir-faire, les entreprises horticoles et de pépinière participent, parfois de manière très importante, à l'attractivité et à la richesse économique d'un territoire. « C'est le cas chez nous », témoignait en juin dernier, Christophe Pot, président de la communauté de communes de Beaufort-en-Anjou (49). Dans ce territoire de neuf communes situé dans la vallée de l'Authion, la chambre d'agriculture a répertorié 160 entreprises agricoles. Le végétal spécialisé dominant, l'impact sur l'emploi est impressionnant. Aux 235 responsables d'entreprises, il faut en effet ajouter plus de 600 emplois salariés en équivalent temps plein (ETP). « Dans ces neuf communes, l'agriculture c'est 20 % des entreprises et 14 % de l'emploi », résume Emmanuelle Mounier, conseillère au comité régional agricole Baugeois-Vallée.

Écouter les professionnels

Sur la base de cet état des lieux, la collectivité a commencé, en 2014, par organiser - avec les chambres de commerce et d'agriculture - des rencontres professionnelles. Horticulteurs et pépiniéristes ont alors fait état de leurs préoccupations en matière de compétitivité. Mais ils ont aussi attiré l'attention des élus sur un enjeu fort, le renouvellement des générations, et ce, à relativement court terme. De fait, l'action de repérage et transmission conduite l'année suivante montrera que la moitié des dirigeants sont à moins de 10 ans de la retraite. Mi-2016, la communauté de communes franchit une étape supplémentaire et lance, en partenariat avec la chambre d'agriculture, un dispositif local installation et transmission. Assorti d'un budget de 47 000 €, dont 40 % relèvent de la collectivité, ce programme d'actions poursuit quatre objectifs :

- accompagner les chefs d'entreprise dans la transmission de leur société ;

- mobiliser les acteurs locaux susceptibles d'intervenir dans le processus ;

- inviter les porteurs de projets à découvrir le territoire ;

- aider la mise en relation entre des cédants et des repreneurs.

Un volet foncier est également prévu via l'animation d'échanges parcellaires entre entreprises.

Créer du collectif

En pratique, différents événements sont mis en oeuvre ou projetés. En novembre dernier, un forum participatif a rassemblé 25 professionnels locaux : des chefs d'entreprises, des banquiers, des conseillers en gestion mais également des opérateurs fonciers et des notaires. « En impliquant ces professionnels aux côtés de ceux du végétal spécialisé, on arrive à travailler sur des actions locales favorables à la transmission et qui facilitent l'installation », précise Emmanuelle Mounier. Un guide, Préparer sa transmission et réussir son installation, est mis en chantier. Il devrait être présenté ce printemps à l'occasion d'une soirée d'information, Sécuriser ma transmission, destinée aux cédants. Au-delà, le dispositif local prévoit aussi l'organisation de deux farm-datings, des moments de mise en relation entre cédants et porteurs de projets, ainsi que la visite collective d'entreprises à reprendre.

Sécuriser les parcours

Innovante, cette dernière action vient d'être testée par une autre collectivité, l'agglomération de Saumur (49), elle aussi signataire d'un dispositif local pour l'installation et la transmission en agriculture avec la chambre d'agriculture. Baptisé C'-ma ferme ?, l'action a permis de rassembler le même jour une dizaine de porteurs de projets dans une exploitation de 30 ha spécialisée dans la production de légumes (7 ha dont 6 000 m² de tunnels froids). Reçus par son responsable qui doit partir en retraite courant 2018, ils ont pu visiter l'ensemble des installations tout en bénéficiant de l'apport de Catherine Garreau, conseillère installation et transmission à la chambre d'agriculture, et d'un technicien du comité départemental pour le développement légumier. Présents, des élus locaux sont également intervenus pour dire les enjeux collectifs et territoriaux autour de cette reprise. Nouvelle, innovante, C'-ma ferme « a eu pour effet d'accélérer les négociations autour de la reprise », observe Catherine Garreau.

Consolider la compétitivité

Introduire du collectif autour de l'installation est aussi l'un des objectifs de l'association Pôle Végétal Loire-Maine. Créée en mars 2015, présidée par Alexandre Leroyer (Les Serres de Lécé, à Sainte-Gemmes-sur-Loire - 49), elle regroupe 24 des 30 entreprises de la zone horticole de Sainte-Gemmes-sur-Loire - Les Ponts-de-Cé (49). « Accueillir de nouvelles entreprises fait partie des objectifs de l'association mais pour le moment », précise Virginie Boureau, conseillère à la chambre d'agriculture en charge de son animation, « les adhérents ont concentré leur travail sur les facteurs de compétitivité qui pourraient faire l'objet d'une mutualisation. » Dans cette perspective, l'association travaille sur la création d'un réseau de chaleur collectif. Elle réfléchit aussi, en concertation avec Angers Loire Métropole, à la protection de cette zone horticole de 510 ha située à moins de 5 km du centre-ville d'Angers (49). Un classement en zone agricole protégée (ZAP) est à l'étude. De même qu'est engagée une réflexion sur l'aménagement foncier à l'intérieur de la zone. S'ils aboutissent, « toutes ces démarches et tous ces dossiers seront de nature à renforcer l'attractivité de la zone horticole de Sainte-Gemmes-sur-Loire - Les Ponts de Cé et à favoriser l'accueil de nouvelles entreprises horticoles », pointe Virginie Bourreau.

Anne Mabire

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement